Vinifier sans filet, c’est marcher sur une ligne tendue entre pureté et déviance. Le vigneron naturel de Bordeaux l’accepte, compose avec ses incertitudes. Des phénomènes tels que “la souris” (odeur de croûte de fromage), la reprise de fermentation en bouteille ou l’oxydation précoce guettent, mais la récompense est là : des vins de caractère, de terroir, d’expression immédiate, parfois bruts, jamais formatés.
Ces méthodes font aujourd’hui école, et de plus en plus de chais se dotent d’outils simples mais précis : contrôle fin des températures via baignoires de refroidissement (plutôt que thermorégulation infernale), bâtonnage manuel, dégustation quotidienne… Chez beaucoup, l’humilité se lit dans les carnets de cave tachés à l’encre : ici, on note la météo, la sensation du jus, jamais un protocole figé.
Selon Nature et Progrès, moins de 0,5% des bouteilles bordelaises revendiquent un mode de vinification pleinement nature, mais la dynamique est là. Les pionniers du Bordelais — Closeries des Moussis, Château Planquette, Château Falfas, Vignobles Bardins, Château Massereau, La Petite Sommelière, pour n'en citer que quelques-uns — tracent un sillon profond pour la région.